Des taux d’intérêt bas : la nécessaire relance de l’investissement

Pour la première fois depuis deux siècles, la France connaît une situation d’exceptionnelle faiblesse des taux d’intérêt réels, des taux d’intérêts nominaux et des taux d’inflation. Ceci résulte principalement de l’absence de choix de politique macroéconomique forts et ambitieux, tant au niveau national que dans la coordination du « semestre européen ». Et ce, malgré une politique monétaire non conventionnelle de la BCE - d’aucuns la jugent d’ailleurs risquée - qui n’a pas permis de résoudre le coeur du problème : le taux d’intérêt « neutre » reste faible, voire négatif parce que la demande est déprimée, l’offre souvent inadaptée et les perspectives de croissances inexistantes à court et moyen terme.
Et pourtant, cette faiblesse inédite des taux d’intérêt et des gains de productivité, dans une économie marquée par une demande atone, plaide véritablement à encourager la relance de l’investissement. De fait, l’OCDE, le FMI et la BCE appellent d’une même voix, depuis quelques mois, les Gouvernements à la relance de l’investissement public pour stimuler la croissance, en parallèle bien sûr de la poursuite de la baisse des dépenses publiques courantes (hors intérêt de la dette).
Malgré ces constats, il faut relever que l’investissement public a nettement reculé en France au cours des 5 dernières années de 4,2% à 3,5% du PIB.
L’enjeu est d’autant plus important dans nos Outre-mer où les retards d’infrastructures sont importants et où, par ailleurs, l’investissement public peut avoir un effet d’entrainement très fort sur les investissements privés.
Pour rappel, le Fond d’Exceptionnel d’Investissement (FEI) devait constituer, selon l’engagement pris en 2012 par le Président de la République « un programme de 500 millions d’euros d’investissements publics pour rattraper le retard des outre-mer en matière d’équipements structurants ». Dans son rapport de 2016, le Sénat note que cet instrument n’a pas atteint véritablement ses objectifs, notamment sur le plan budgétaire, les Autorisations d’Engagements n’ayant pas été stabilisées sur la période.
Pour l’avenir, il conviendrait de se doter d’instruments budgétaires stabilisés dans le temps, offrant ainsi la lisibilité nécessaire pour les collectivités territoriales et les socioprofessionnels, autour d'une véritable stratégie adaptée aux enjeux de développement de chaque collectivité ultramarine. Permettre ainsi de cibler les investissements sur des secteurs d’avenir structurants et pertinents.
La transition énergétique au sens large, la formation et le capital humain ou les secteurs industriels à haute valeur ajoutée en feront nécessairement partie.
Espérons que les débats de la campagne présidentielle permettront – enfin ! – d’aller plus loin sur ces questions.

Source : La FEDOM - LH 234