Second point qui rapproche l’Angleterre des deux autres pays : le seigneur (the lord of the manor) joue un rôle important dans l’organisation de la vie rurale au moins au début de l’époque moderne (monopoles seigneuriaux, justice, police des champs) ; ceci est évoqué dans le chapitre sur les cadres de la société rurale. Le seuil inférieur est celui de la résidence (habiter une maison, avoir droit aux usages communautaires, faire partie d’une communauté spirituelle, relever du tribunal du seigneur…). De plus, les évêques ont poussé les curés à enregistrer l'enfant dans les 24 heures. 28Or, cette évolution favorable ne se produisit pas : la production de céréales, surtout celle de blé, baissa plus rapidement que la population. Donc en Angleterre non plus, et peut-être encore moins en Angleterre qu’ailleurs, le paysan n’est pas propriétaire de sa terre : il la tient plus qu’il ne la possède et souvent il la loue plus qu’il ne la tient. 34 Goubert Pierre, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, Paris, Imprimerie nationale, 1960, 2 vol., 648 + 122 p. 35 Goubert Pierre, L’Ancien Régime, t. I : La Société Paris, A. Colin, 1969, 232 p. ; rééd. Les pays de micro-propriété (vignobles) sont également des régions qui utilisent peu de journaliers. C’est clair que vivre à la campagne présente de nombreuses difficultés d’organisation et d’adaptation, surtout pour des personnes n’ayant connu que la ville. Il faut donc, malgré tout, recourir à une stratification, sans trop se faire d’illusion sur les catégories que nous élaborons, en croisant les approches pour ne pas être tributaire d’un seul critère de classement. L'ondoiement est pratiqué par la matrone quand les enfants sont en mauvaise santé sinon le baptême se fait dès les premiers jours. 81Les sociétés fortement hiérarchisées, celles où les écarts de richesse sont les plus forts entre riches et pauvres et celles aussi où le nombre de riches est très faible en regard de la masse des pauvres, caractérisent en général les régions dites de grande culture. ), Questions d’histoire. Détails Institutions. Et le prix des vignes connaît la même évolution : elles valaient, à superficie égale, 1,7 fois plus que la terre au xvie siècle et 2,8 fois plus vers 1640. 29Pour expliquer ce phénomène, il faut examiner les effets des crises sur les structures sociales : ces paysans sont-ils semblables à leurs ancêtres du milieu du xvie siècle ? Ils possèdent parfois des troupeaux assez importants et accèdent à l’aisance. 32Mais cette accumulation de terres posait essentiellement deux problèmes : celui de leur transmission et celui de leur exploitation. Pour le royaume d’Aragon, les sources sont plus localisées et se composent surtout, outre les documents notariés, de terriers de seigneuries (capbreus). 66En France, les termes qui désignent les paysans sont très nombreux : bêcheur, bordager, bordier, brassier (ou homme de bras), closier, colon (partiaire), fermier, fezandier, granger, haricotier, journalier, laboureur, marchand-laboureur, manouvrier, ménager, métayer, ouvrier agricole, sosson, ténuyer, valets de labour, vigneron… la liste est évidemment loin d’être exhaustive, chaque région où micro-région pouvant fournir à loisir d’autres dénominations. Ce sont les tenures chevaleresques (tenures in chivalry) dont le tenancier est un chevalier (knight) qui doit fournir un certain nombre de cavaliers pour combattre aux côtés du roi, et les tenures paysannes (socage tenures) qui impliquent à l’origine une grande variété de services tels que travailler sur les terres du seigneur supérieur. Comme le yeoman anglais, il fait instruire ses enfants et peut trouver des alliances matrimoniales dans des catégories supérieures à la sienne. 17Ces différentes catégories se retrouvent, dans des proportions diverses, dans toutes les régions d’Espagne et d’ailleurs ; elles forment toujours une forte proportion des effectifs des villages. 25Pour terminer, il faut nous interroger sur le mode d’exploitation des grands domaines des élites de la Manche au xviie siècle : pourquoi une si large proportion d’entre eux font valoir par eux-mêmes au lien de donner leurs terres à ferme ? Certains tenanciers des terres non libres sont soumis à des obligations personnelles par rapport au lord du manoir : an entry fine quand ils héritent du sol ou l’acquièrent, a heriot quand le tenancier meurt. 80Les sociétés moyennes de l’Ouest sont caractérisées partout par une hiérarchie tripartite, dominée par un groupe plus ou moins important de paysans moyens. La misère des campagnes françaises à la fin du XVIIe siècle 12 juillet 2017 L'administration des successeurs de Colbert au contrôle général des Finances, Le Péletier et surtout celle de Louis Phélypeaux , marquis de Pontchartrain, fut déplorable pour l'agriculture. Il faudrait ajouter aux céréales les vignes et les oliviers, plus de 10 ha pour la moitié d’entre eux, et l’élevage. La vie sous l'ancien régime est précaire et la naissance est un moment difficile. Analyse basée sur les oeuvres de Karl Löwith, Blumenberg et Jean-Claude Monod. S’il décrit une société formée de trois groupes (les « petites gens », le « groupe charnière des laboureurs moyens et des marchands ruraux » et « le monde clos des marchands-laboureurs »), il insiste sur la forte polarisation interne de cette société. Les propriétaires des grands domaines tendent de plus en plus à réduire la durée des concessions : les baux emphytéotiques qui assuraient une propriété de fait aux tenanciers s’effacent devant des baux plus courts. cit., p. 51-53 ; Yun Casalilla Bartolomé, Sobre la transición…, op. Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. III) Le mariage, l'argent et l'héritage 3.1 ) Le mariage C'est le moment le plus important de la société d'Ancien Régime. (Eds.). Ce mouvement n’est pas propre à notre période et E. Le Roy Ladurie avait pu mettre en lumière de tels phénomènes, qu’il attribuait essentiellement à la croissance démographique qui entraînait le morcellement des propriétés, pour le Languedoc du xvie siècle22. 71Les historiens ont assez systématiquement fait du « laboureur » d’Ancien Régime un agriculteur aisé. Ceci induit l’idée – partiellement juste mais aussi un peu trop réductrice – d’un monde homogène, différent du reste de la société. Tous les auteurs qui ont étudié la conjoncture du xviie siècle ont évoqué ce gonflement de la masse des pauvres et des errants lors des années de mauvaises récoltes36. Il n’est pas sûr que la Lorraine de Guy Cabourdin42 en abrite beaucoup et dans le Sud et l’Ouest de la France, on peinerait à trouver l’équivalent exact de ces « gros fermiers ». Le présent ouvrage rassemble une grande partie des articles et communications que Brigitte Maillard a écrits tout au long de sa carrière d'enseignante et de chercheur. Mais comme cela a déjà été observé pour l’Espagne et pour l’Angleterre, si la construction d’un modèle pour l’ensemble du pays est nécessaire elle est aussi dangereuse : en effet, les différences régionales sont considérables et les hiérarchisations sociales n’ont de sens que rapportées à des modèles agraires régionaux. Au milieu d… Chronique #2 – L’Art de vivre sous Louis XIV (partie 2/4) – à écouter à partir du lundi 2 mars 2015. Afin d’échapper à la misère, de nombreux paysans quittent la campagne pour aller travailler en ville. Mais il faut avoir présent à l’esprit qu’il ne s’agit là que de généralisations et que les différences régionales sont importantes. Ce statut correspond souvent à une période transitoire dans la vie d’un individu, avant le mariage et l’établissement sur une exploitation. (Alcaraz, siglo xviii), Madrid, ministère de l’Agriculture, 2000, p. 177. Les transformations sont particulièrement importantes dans la région de Londres qui est devenue, à la fin du xviie siècle, une des principales villes d’Europe. Magnifique Logis du 17ème siècle, rénové, comprenant deux habitations. Le système agricole est encore très fragile et soumis à de nombreux aléas (notamment météorologiques), l'économie agricole est encore une juxtaposition de systèmes régionaux. 68La notion de dépendance de la paysannerie a été élaborée par et à partir de la thèse de Pierre Goubert sur le Beauvaisis34. 64Dans les campagnes françaises d’Ancien Régime, tous furent plus ou moins agriculteurs, Pierre Goubert l’a écrit il y a maintenant près de 50 ans : tous travaillèrent la terre, avec plus ou moins de matériel, plus ou moins d’animaux, et plus ou moins de chance. On constate, en effet, une diversification de la production : la vigne connaît un regain d’intérêt certain, marqué par de nouvelles plantations, l’élevage des moutons qui était difficile sur ces terres entièrement vouées au grain connaît une croissance marquée, et les ordonnances municipales qui limitaient le nombre d’animaux que chacun pouvait posséder tombent en désuétude. C’est l’exode rural qui va se prolonger tout au long du XXème siècle. Ces registres existent depuis le Moyen Age et ils se sont développés au XVe siècle et sont rendus obligatoire avec l'ordonnance Villers-cotterêts (1539). Les comtés proches sont particulièrement touchés, mais, du fait du cabotage, la demande touche tout le pays. « Marchand-laboureur », il vend des grains (les siens et aussi ceux qu’il achète à moins aisé que lui) et aussi du bétail, bœufs ou chevaux. Cette seconde tendance aura une influence déterminante sur la peinture de paysage italienne et française. ), Histoire de la France rurale, Paris, Seuil, 1975-1976, 4 tomes (éd. En Angleterre comme ailleurs, les paysans sont plus souvent exploitants (locataires ou tenanciers du sol) que propriétaires. II) La vie quotidienne 2.1 ) Manger et se vêtir - La nourriture sous l'Ancien Régime est à base de céréales : cela dépend de la richesse des terres où l'on se trouve et de sa fortune : du froment (blé) sur de bonnes terres. Ajoutons qu’ils pratiquent une forte endogamie sociale et locale, quand le village n’est pas trop peu peuplé, nouant souvent des alliances avec les mêmes familles18. En outre, être commoner sans terre n’était pas du tout exclu en Angleterre (exemple du Northamptonshire et des Midlands étudiés par J. Neeson). Les sociétés rurales”. 7 Casey James, El reino de Valencia en el siglo xvii, Madrid, Siglo xxi, 1983, p. 43. 1715 correspond à la fin d’une époque, le peuple est soulagé que leur despote soit mort. Ils pratiquent le prêt d’argent et achètent éventuellement les terres qu’ils ont commencé par louer. The Transformation of the Agrarian Economy, 1500-1850, Cambridge, CUP, « Cambridge Studies in Historical Geography, 23 », 1996, xiv-258 p. 25 MacFarlane Alan, The origins of English individualism : the family, property and social transition, Oxford, Blackwell Publishers, 1978. xvi-216 p. 26 Sreenivasan Govind, « The land-family bond at Earls Colne (Essex), 1550-1650 », Past & Present, 131 (1991), p. 3-37. L’accumulation trouvait donc ainsi ses propres limites : on se heurte au rendement décroissant du capital accumulé en terres. journaux et la scolarisation obligatoire permettent à la population rurale de briser cet isolement. Cette évolution d’une relative indépendance vers le salariat est en cours au xviie siècle. 14Étant donné la taille des exploitations et des troupeaux, les domestiques à l’année sont en bon nombre dans cette région : la moitié des « principaux » en ont plus de cinq (dont deux plus de cinquante). Le garçon est élevé par les femmes jusqu'à l'âge de 7 ans. 61Les commoners ont constitué un groupe important de paysans au moins jusqu’au début du xviiie siècle. Faute de données sûres, on peut considérer que ce chiffre soit également applicable au xviie siècle. Les thèses de Alan Macfarlane sur la propriété et l’héritage (The origins of English Individualism)25ont été critiquées à juste raison car elles s’appuyaient sur un cas trop particulier et reposaient sur des comparaisons européennes inadéquates. Vivre À La Campagne Au Moyen Age : L'habitat Rural Du Vème Au Xiième Siècle (Bresse, Lyonnais, Dauphiné) D'après Les Données Archéologiques pas cher En utilisant Rakuten, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant de vous proposer des contenus personnalisés et de réaliser des statistiques. 28 Cité par Bernard Cottret, Histoire d’Angleterre, xvie-xviiie siècle, Paris, PUF, 1996, p. 117. A la fin du XIXème siècle, on a dit que c'était le Père Noël . Famille, mariage et transmission des biens à Pozuelo de Aravaca (1580-1540), Madrid, Casa de Velasquez, 2000, 362 p. voir p. 188-254. Depuis 1641, les signatures accompagnées de date, jusque-là sans exemple chez les Le Nain, se multiplient. ), La Terre et les Hommes…, op. La grande exploitation utilise beaucoup de salariés (pour moisson, fenaison, moisson, battage en grange) alors que la petite et moyenne exploitation travaille essentiellement avec la main-d’œuvre familiale et un ou deux domestiques. La paysannerie moyenne : haricotiers, artisans ruraux, vignerons, jardiniers ; 3. Il n’est pas possible de faire apparaître ici ces nuances, mais seulement de rappeler qu’elles jouent dans deux sens : d’une part la hiérarchie sociale est liée au modèle agraire (elle ne sera pas la même selon que la région ait ou non fait l’objet d’enclosure au xviie siècle, selon qu’il s’agit d’une région céréalière ou d’une région d’élevage), d’autre part la richesse est une notion localement relative : tel riche paysan ici sera ailleurs placé beaucoup plus bas dans la hiérarchie de la fortune et de la considération29. Celui de labrador (laboureur), par exemple, peut désigner aussi bien un paysan aisé qu’un ouvrier agricole ; il est d’ailleurs absent des sources de l’époque. Le processus a été décrit par Gérard Béaur dans un article publié en 1999 lors de la préparation du colloque « Campagne de l’Ouest32 ». Il s’agit donc de sociétés relativement homogènes. Le vin, autre grande production de la région, connaît un regain de faveur : son prix avait stagné pendant une quarantaine d’années (entre 1570 et 1610 en gros) accumulant ainsi un gros retard sur le blé, mais entre 1610 et 1630, il connaît une hausse de 50 %. Mais, il est certain que ces différents modes de faire-valoir n’ont pas la même rentabilité et qu’il est beaucoup plus profitable d’exploiter soi-même que de faire travailler les autres. On l’imagine souvent ainsi. 3) L’économie européenne au XVII° siècle. Au xviie siècle, le terme de yeoman désigne un paysan aisé qui travaille lui-même sa terre, emploie parfois des farms servants. Mais on le retrouve dans les régions de grande propriété, comme à Salamanque où les fermiers (granjeros) louent des domaines d’un seul tenant, souvent d’anciens villages dépeuplés et voués à l’élevage19 ou en Andalousie occidentale où des exploitations, d’un seul tenant, appelées cortijos, couvrent de 180 à 300 ha20. Puissance de l'État, contrôle de la société, sous la direction de Bély Lucien. Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque. La vie sous l'ancien régime est précaire et la naissance est un moment difficile. 56En général, ce sont de petits paysans locataires, parfois propriétaires de quelques acres, exploitant de 5 à 50 acres. C’est le début de l’ascension des farmers. Dans la région toulousaine38, il désigne toute une catégorie particulière de brassiers (= journaliers) dont la spécialité est de labourer. Il leur faut plusieurs générations pour atteindre le niveau des élites du monde rural. Pour le reste, il prend différentes formes. Le roman comique au 17ème siècle. 2En ce qui concerne les royaumes d’Espagne, cette tâche est encore plus difficile sans doute que pour la France ou l’Angleterre, tant les systèmes agraires sont différents d’un bout à l’autre de la péninsule, des micro-exploitations de Galice ou de la huerta de Valence aux immenses latifundia d’Andalousie et d’Estrémadure. cit., p. 154-158 et 418-435 ; Brumont Francis, « Société rurale et production agricole (xvie-xviie s.) », Sarasa Sánchez Esteban et Serrano Martín Eliseo (dir. "Discours des États de France", Guy Coquille (1588) : les États Généraux sont-ils une entrave à la souveraineté royale ? Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 9e période - Condorcet (1793) - En quoi cet extrait illustre-t-il l'esprit des Lumières et la pensée révolutionnaire ? ANTOINE, Annie ; BROAD, John ; et BRUMONT, Francis. 48Les leaseholders qui constituent à partir de la fin du xvie siècle une forme nouvelle de tenanciers (tenure pour quelques années ou bien pour une ou plusieurs vies) s’appliquant essentiellement au domaine et à ceux qui ne sont pas sujets à la coutume. Il faut donc examiner le phénomène de plus près et ne pas s’en tenir à la production céréalière. Ces remarques faites, on peut élaborer une typologie générale pour la société rurale. En effet, je suis gouverné par des lois auxquelles je donne mon consentement ; et ni ma vie, ni ma liberté, ni mes biens ne me sauraient être retirés conformément à la loi. On y fera entrer les « haricotiers » du Beauvaisis, les « laboureurs à demi-charrue » (une charrue = environ une trentaine d’hectares) évoqués par Jean Jacquart, les « ménagers » du Sud de la France43 et la majeure partie des métayers, les closiers et bordagers de l’Ouest de la France44. ), Historia de España Menéndez Pidal, t. XXIII : La Crisis del siglo xvii. authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. Leurs salaires sont en général faibles et variables selon le sexe, l’âge, la nature le lieu du travail et la saison. Inversement, il existe des laboureurs pauvres. Il en va de même dans les régions de montagne : dans la Sierra de Alcaraz, en 1753, plus de la moitié des habitants ne possèdent ni terre (51 %), ni animaux de trait (78 %), ni gros bétail d’élevage (51 %), ni menu bétail (56 %) et parmi cette petite moitié qui élève des moutons, la moitié en a moins de 5. Il y a 3 idées principales durant ce siècle : 1) La prépondérance française qui reste manifeste. 23Mais ce ne sont pas là les seuls revenus dont disposent nos « principaux » : location de terres et maisons, rentes constituées, bons du trésor (juros), prêt à intérêt, affermage de revenus divers, municipaux, seigneuriaux ou royaux, de dîmes, administration de seigneuries, de commande-ries des ordres militaires, de biens en tutelle ou curatelle, etc. 63L’autre forme d’évolution qui affecte la société rurale anglaise au xviie siècle est liée à la croissance des villes et tout particulièrement de celle de Londres31. Si l’on ne se contente plus des mots, on peut encore aller chercher des critères d’ordre honorifiques (les « maîtres », « sieurs »…) et/ou des critères de richesse révélés par les rôles fiscaux ou les inventaires après décès. Ils se maintiennent jusqu’au xviiie siècle dans les régions où les petites fermes restent nombreuses. Parmi ces journaliers, beaucoup exerçaient une autre activité et notamment, les petits paysans. De 1815 à 1852, la vie agricole est dominée par la tradition, sous le signe du surpeuplement et de la misère, avec des progrès en fin de période; la période de 1852 à 1880 est synonyme dapogée des campagnes, temps de progrès techniques, de réels changements et de prospérité. Dans le royaume de Castille régnait le partage entre héritiers, le retour de la dot et du douaire augmentés de la moitié des acquêts aux épouses et à leurs héritiers, si bien que le risque de morcellement était grand, malgré l’exclusion des enfants dotés. On ne sera donc pas dupe des biais introduits par la construction de catégories, surtout au niveau du pays entier, mais on s’efforcera cependant d’établir des typologies permettant la comparaison avec les paysanneries espagnoles et anglaises. De nombreux historiens ont contesté la notion même de catégorie sociale, insistant au contraire sur le fait que les relations entre les individus transcendent les découpages artificiellement mis en œuvre par les historiens. Le statut de fee simple donne la totalité de la propriété ; celui de fee tail fait quelques restrictions sur la transmission par héritage (la transmission sans payer de droit ne se fait qu’en ligne directe). On ne saurait mieux illustrer le fossé qui s’est creusé entre riches et pauvres. Coiffure femme 17eme siecle. On a déjà signalé le rôle de la conjoncture (ils se multiplient en période de difficultés) mais les caractères régionaux de l’agriculture expliquent aussi leur plus ou moins grand nombre. 38On s’attachera particulièrement à ce qui fait la différence avec la France ou l’Espagne. On peut énumérer les plus importants : la quantité de terre exploitée et/ou possédée, la possession d’un capital d’exploitation (la terre, la charrue et la charrette, l’attelage), le niveau d’insertion dans les circuits d’échange… On peut aussi penser à des critères autres qu’économiques et sociaux : participation au pouvoir (rôle dans la communauté rurale), niveau d’alphabétisation… Il faut également prendre en compte des critères plus individuels, tels ceux du cycle de vie et du cycle familial qui font apparaître que, pour chaque individu, la richesse est aussi liée à l’âge (les plus jeunes et les plus vieux ont une accumulation foncière et mobilière bien inférieure à celle des adultes entre 40 et 50 ou 60 ans). ), Señores y campesinos…, op. Pourtant aujourd’hui c’est elle qui apprécie le plus de vivre à la campagne cit. Moins démunis que leurs voisins journaliers, ils ont pu laisser un certain nombre d’inventaires (115) qui montrent qu’ils possèdent en moyenne une vingtaine d’hectares qu’ils valorisent au maximum en cultivant la vigne, l’olivier ou le safran, et quelques céréales (5 ou 6 ha). Ceci a été discuté par Hoyle et Sreenivasan26 ; ils pensent qu’il reste un lien à la fois réel et sentimental entre les familles de paysans et la terre. Les plus expérimentés et habiles avaient le titre et la fonction de mayoral, chef de culture en quelque sorte, puis venait l’ouvrier, appelé garçon (mozo) et, enfin, le plus jeune, appelé zagal. La diversification des activités et, partant des revenus, est classique chez les élites rurales comme chez les plus pauvres. Pour éviter la dispersion de ces biens, une autre solution était de les geler, d’empêcher leur vente, de les transformer en biens de mainmorte en instituant des chapellenies et œuvres pieuses, dotées en terres, et dont l’usufruit serait réservé aux descendants du testateur. Ils complétaient leurs maigres revenus par le travail à la journée. 10 « Una simplicidad engañosa », c’est le titre du chapitre consacré aux groupes sociaux dans l’étude de Francisco García González consacrée à une zone de montagne de la Manche orientale : Las estrategias de la diferencia. Socialement on y rencontre de petits agriculteurs indépendants mais à faibles revenus. À la fin du xviie siècle, le terme de yeoman change de sens et disparaît ; c’est l’ère du farmer qui peut être propriétaire en même temps qu’il loue des champs d’un grand (ou petit) propriétaire. 1La France du XVIIe siècle reste profondément rurale ; on estime à plus de 85 % la part de la population qui vit à la campagne.Plus encore qu’en ville, la paroisse en constitue le cadre de vie, non seulement religieux et administratif mais tout simplement social. Ce mouvement était porté par une dynamique à la fois technique, économique et sociale : l’ascension de la bourgeoisie, progrès des sciences et des techniques, le développement de l’éducation. Brumont Francis, « Propriété et exploitation de la terre en Grande-Bretagne », Fréchet Hélène (dir. Pour la plupart, il s’agit d’un temps d’apprentissage avant le mariage. 58Les labourers (ne surtout pas confondre avec ce que l’historiographie rurale française appelle « laboureurs », ce sont des journaliers qui correspondent assez bien à la définition qu’en donne Vauban en France) sont des travailleurs salariés payés à la journée ou à la semaine ; ils vivent à la limite de la pauvreté et doivent parfois bénéficier de la Pour Tax (voir chapitre sur les pauvres). 4Que l’Espagne soit diversité, nul ne peut le nier2 ; les variations géographiques du seuil d’indépendance en sont le premier indicateur (il s’agit de la superficie théoriquement nécessaire pour faire vivre une famille paysanne en année normale). Un guide bibliographique critique. Au siècle suivant, ce sont eux qui s’intègrent à la gentry et qui symbolisent la réussite de l’agriculture anglaise. Ils occupent ces fonctions entre 11 et 25 ans le plus souvent, mais certains deviennent ensuite vacher, berger, laboureur principal. Mais la manière de tenir la terre a une signification sociale. Cependant, malgré ces différences, on retrouve partout des situations analogues ou semblables. 27En théorie, cet allégement de la pression démographique devrait avoir des conséquences favorables sur l’économie rurale en permettant une hausse de la productivité agricole, puisque les mauvaises terres que l’on avait dû mettre en culture dans la deuxième moitié du xvie siècle pouvaient retourner à la friche ou à la pâture. Et dans ce domaine, le xviie siècle ne fut pas un âge d’or, loin de là. Les rois continuent d'embellir la ville mais ils commencent à se Vivre en ville au XIXe La ville est, par opposition à la campagne, un lieu de concentration d’hommes. T. II : L’Âge classique (1340-1789). Prix : 580 € La condition des femmes au 17ème siècle (exposé de Patricia) Au XVII siècle les nobles s'habillent. Un certain nombre d’entre eux cependant sont fermiers, pour tout ou partie de leur exploitation ; c’est ce que montrent les inventaires de ces laboureurs, 320 au total pour la Manche, dont les deux cinquièmes possèdent moins de 25 ha. Il s’agissait d’une part de terres privées ouvertes aux pratiques collectives après les récoltes (parcours du bétail) d’autre part de terres plus ou moins incultes (wastes), espaces sablonneux, pierreux, bruyères, landes et marécages… particulièrement importants dans certains comtés du nord (Cumbrian) et à l’ouest (Welsh mountains), au sud-ouest (Dartmoor, Exmoor and Sedgmoor), dans les Midlands (forêts), les hauteurs du Lincolnshire, les Fens mal drainés, et les marécages des rives de la Thames. Cet article regroupe plusieurs aspects des mœurs et de la vie quotidienne au Moyen Âge. Elle varie aussi avec la taille des exploitations au sein de la paysannerie. FECIT. Tous ces changements ne pouvaient passer inaperçus aux yeux des contemporains. Même si son importance est minimisée par sa place politique et sociale, la grande majorité des Français est alors composée de paysans. 35Parler de la société rurale anglaise au xviie siècle pose les mêmes questions théoriques qu’en Espagne ou en France. Les premiers balbutiements du roman comique « Pays d’histoire », 1998, 286 p. ; Antoine Annie, Fiefs et Villages du Bas-Maine au xviiie siècle, Mayenne, Éditions régionales de l’Ouest, 1994, 540 p. 45 Jacquart Jean, La Crise rurale en Île-de-France, 1550-1670, Paris, A. Colin, 1974, 800 p. 46 Boehler Jean-Michel, Une Société rurale en milieu rhénan : la paysannerie de la plaine d’Alsace (1648-1789), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1995, 3 vol., 2470 p. Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540.