Emploi : le numérique secoue l’écosystème du recrutement

Les réseaux sociaux et les sites de notation d’ entreprises (Glassdoor, Meilleures-Entreprises…) ont fortement contribué à une transparence qui bénéficie tant aux candidats à l’embauche qu’aux entreprises qui cherchent à les attirer.

A écouter les salariés et les candidats, les ressources humaines (RH) n’ont pas toujours été les directions les plus innovantes au sein des entreprises . Mais depuis quelques années , sous l’impulsion du numérique, les pratiques évoluent et les « RH 2.0 » ont fait leur apparition. Mardi 11 octobre, s’est tenue à Paris la 6e édition de la #rmsconf, un événement annuel réunissant 700 acteurs du recrutement 2.0 et de la marque employeur. On pouvait y croiser beaucoup de start-ups mais aussi des poids lourds de l’emploi tels que l’opérateur public Pôle emploi , les sites Viadeo, Indeed, Le Bon coin…

Le thème retenu cette année était « Transparence et authenticité » . Pour Jean- Christophe Anna, directeur général de rmstouch, qui organise cet événement, fini le temps où les candidats embellissaient leur CV et où les employeurs survendaient leurs offres d’emploi. Le numérique, avec les réseaux sociaux et les sites de notation d’entreprises (Glassdoor, Meilleures-Entreprises…), a fortement contribué à cette transparence, les employeurs acceptant bon gré mal gré cette évolution.

La transformation numérique de Pôle emploi

Certaines questions de fond autour de la fin du contrat à durée indéterminée , du revenu universel, de la robotisation ou encore du bien-être des collaborateurs ont été (rapidement) abordées. Quelques entreprises ou organisations telles que Carrefour , Thales ou la SNCF sont venues témoigner de la digitalisation de leur processus de recrutement ( site mobile, nouveau site carrière , mise en place de programme d’e-ambassadeurs, analyse de l’ expérience -candidat , etc.).

Pôle emploi a aussi tenu à montrer que l’acteur public de l’emploi avait fait sa transformation numérique avec Emploi store, un portail qui regroupe des services numériques liés à l’emploi ou la formation et en accueillant dans son «  Lab » plusieurs dizaines de start-ups pour faciliter les recherches des demandeurs d’emploi.

Quant aux startups estampillées « RH », l’objectif de cette journée était de se présenter et de vendre leurs solutions. Dans les allées, on entendait parler de big data RH, d’e-cooptation, de recrutement prédictif ou affinitaire, d’algorithmes, d’ entretien vidéo, de réalité virtuelle , de sourcing, de géolocalisation , etc. On captait parfois une phrase aux accents de slogan « les RH ne sont plus une fonction support mais une fonction cœur » . Cela sonnait bien, même si concrètement on ne savait pas trop ce que cela signifiait …

Recrutement prédictif

Parmi toutes les start-ups présentes, deux d’entre elles ont été récompensées lors d’un Challenge Startups : la première, Whire , est spécialisée dans le recrutement prédictif, tandis que la seconde, Myjobglasses , est une plateforme web qui permet aux étudiants de rencontrer des professionnels en entreprise pour les aider à mieux comprendre la réalité des métiers. Chacune des start-ups finalistes était parrainée par une grande entreprise séduite par son projet.

L’après-midi, une salariée française de Buffer, entreprise américaine employant 80 personnes dans le monde , est venue présenter le pari de « la transparence totale » de son employeur. Transparence des processus de recrutement, des salaires de tous les employés diffusés à la fois en interne et à l’ externe , du nombre de clients, de la fixation des prix, des mails internes visibles par tous, etc. Les auditeurs français semblaient à la fois charmés, intrigués et sceptiques.

Le Lab RH était évidemment de la partie. Ce collectif créé il y a quinze mois et fédère 200 start-ups RH et 25 grandes entreprises. Son objectif : promouvoir et diffuser les solutions innovantes dans le domaine des ressources humaines. Cette association a déjà accompagné plusieurs entreprises dans leur transformation numérique dont Engie, Axa ou la BNP.

Le numérique bouscule les pratiques de recrutement et de gestion des ressources humaines. Espérons qu’il rende le marché de l’emploi plus fluide et moins conventionnel...

Gaëlle Picut

Journaliste au Monde