Le droit de grève et après…?

Les grèves actuelles illustrent bien un conflit dont tout le monde sortira perdant. Les entreprises qui auront perdu des centaines de millions d’euros et des milliers de clients, le gouvernement qui aura hésité ente compromis et fermeté, les français condamnés à galérer dans les gares ou les stations service mais aussi les syndicats « jusqu’au boutistes » décrédibilisés faute de réussir à convaincre de la justesse de leur action et enfin et surtout, la France qui aura vu son image encore une fois écornée et son économie affaiblie un peu plus.

Il ne s’agit pas, ici, de débattre de la légitimité des revendications des uns et du projet de loi des autres. Il s’agit de se demander si pour discuter des perspectives de réformes indispensables pour notre pays, compte tenu de l’urgence économique dans laquelle nous sommes, la grève était le meilleur moyen ?

La réponse est évidemment non ! Et l’idée que l’avenir d’une société puisse être ainsi arbitrairement mis à mal par une minorité, va à l’encontre des principes de bases de la liberté d’entreprise et de la liberté du travail. Comme l’écrivait il y a quelques années le journaliste et historien Gérald Olivier, « Désormais on ne fait plus grève pour que le monde change, on fait grève pour qu’il ne change pas. Nous sommes en plein déni de réalité. »

L’absurdité la plus totale étant atteinte lorsque l’on entend certains dirigeants syndicaux expliquer qu’ils font grève « pour peser sur les négociations sociales à venir ».
C’est au contraire, par ce que nous croyons au dialogue social comme facteur de progrès, que nous déplorons que le droit de grève soit utilisé en France à tort et à travers, trop souvent hélas comme un outil de nuisance contre l’entreprise, ou le gouvernement, par le biais de clients ou « d’usagers » pris en otage.
On nous rétorquera que réformer le droit de grève est politiquement inenvisageable et irrecevable. Le dernier gouvernement qui ait interdit ce droit était celui de Vichy ! On imagine les commentaires…

Mais pourquoi ne pas le règlementer pour qu’il ne soit plus détourné ou abusé. Par exemple en l’encadrant plus strictement chez les fonctionnaires et les employés d’entreprises en situation de monopole. Quand quelques personnes, qu’ils soient pilotes de ligne, cheminots, employés d’EDF, ou autres, ont le pouvoir de paralyser un pays, il importe que leur intérêt particulier soit subordonné à l’intérêt général. C’est le cas dans de nombreux pays comme l’Allemagne ou le Canada. C’était aussi le cas dans tous les pays communistes…mais nous imaginons que d’aucuns trouveront ce propos subversif.

Source : la lettre de la FEDOM n° 213 du 13 juin 2016