Le financement participatif, bouée ou coup de pouce des PME en difficulté

D'une librairie lyonnaise aux madeleines Jeannette à Caen, les PME et petits commerces en difficulté sont de plus en plus nombreux à recourir au financement participatif mais cette bouée très en vogue ne demeure qu'une étape vers le sauvetage.

D'une librairie lyonnaise aux madeleines Jeannette à Caen, les PME et petits commerces en difficulté sont de plus en plus nombreux à recourir au financement participatif mais cette bouée très en vogue ne demeure qu'une étape vers le sauvetage.
Pour Jeannette, «le financement participatif a été décisif auprès du tribunal de commerce qui m'a permis de racheter la marque (en novembre 2014), puis auprès de la banque» qui lui a enfin accordé un prêt en juillet 2015, explique Georges Viana qui a relancé en mai la biscuiterie. La marque emploie aujourd'hui 18 personnes après en avoir licencié 34 au moment de sa liquidation fin 2013.
Souvent désigné par le terme anglais «crowdfunding», le financement participatif permet à qui le souhaite de participer au financement d'un projet via des sites internet spécialisés, avec ou sans contrepartie (part dans la société, ou madeleines en l'occurence).
Après avoir en vain cherché de l'argent auprès des banques, le nouveau patron de Jeannette a levé 430.000 euros auprès de plus de 2.000 contributeurs, dont un âgé de 83 ans qui a fait un chèque de 100.000 euros.
Un succès exceptionnel qui a montré aux juges et à certains banquiers qu'il y avait un marché pour cette marque. Il faut dire qu'une vingtaine d'ex-salariés de Jeannette ont nourrit sa médiatisation un an durant par une lutte acharnée pour sauver leurs emplois.
Georges Viana en est arrivé ainsi à «financer la charrue avant les bœufs» en rachetant la marque et en lançant les premières productions avant même d'avoir son prêt bancaire de 250.000 euros. Son projet, qui a dû être revu à la baisse, se monte à 1,1 million d'euros en tout.
- 'un élément moteur' -
A une toute autre échelle, la librairie lyonnaise pour enfants «A titre d'aile» a levé auprès de 800 personnes les 63.600 euros sans lesquels «on aurait fermé en septembre», selon Carole Ohana, gérante, qui espère recréer cette année un second poste.
Le plus souvent toutefois, «dans un dispositif de financement, le crowdfunding est une brique à considérer, mais elle ne peut être la seule», souligne Walter Bouvais directeur de Terra eco, qui emploie 14 personnes.
Le journal a lancé «un appel au secours» en 2014 qui lui a permis de lever 115.000 euros en trois semaines. «Ca a dépassé nos espérances. On a eu 1.700 contributeurs. Et ça a déclenché 2.500 abonnements nouveaux. On se sentait presque physiquement porté» par cette vague de soutien, explique Walter Bouvais.
En sollicitant en plus des lecteurs irréguliers qui se sont abonnés et des actionnaires, le journal a collecté 450.000 euros en tout. Aujourd'hui Terra eco est «debout» mais il lui manque encore 150.000 euros, et le journal a dû être placé en redressement judiciaire en juillet.
A Clermont-Ferrand la librairie Les Volcans a rouvert sous forme de Scop (Société coopérative et participative) en août 2014 après avoir fermé six mois plus tôt.
Le crowfunding a été «très important pour nous, surtout devant le tribunal de commerce. Cela a été un élément moteur pour montrer à quel point les gens nous soutenaient», explique Martine Lebeau, responsable de cette ancienne boutique du réseau Chapitre où travaillent aujourd'hui 36 personnes contre 12 à la réouverture. La librairie a levé 48.000 euros auprès de plus de 730 contributeurs, pour un projet d'1,5 million d'euros.
A Gemenos, à 30 km de Marseille, l'usine de thé fermée par Unilever en 2011 a rouvert en mai 2015 sous forme de Scop. Les 97.000 euros collectés l'été dernier sont modestes face aux 19 millions d'euros d'indemnités arrachées à la multinationale et investies dans la relance.
Mais avec 2.900 contributeurs, le crowdfunding «a été un outil de promotion avant l'arrivée de notre marque dans les supermarchés en septembre. Ca créé une émulation», explique Olivier Leberquier, directeur général délégué et un des 58 coopérateurs de cette Scop.
 
Publié le 31.01.2016
Source : 20minutes.fr