MEDEF 2020 MARTINIQUE : LA FOI EN L’AVENIR

Population 385 551 habitants (2013)

Moyenne d’âge : (moins de 20 ans : 24,9 %)

Population active : 178 000 (dont 42 % des salariés dans le secteur public)

Taux de chômage : 19,4 % PIB 8,14 Md€ 22 140 € par habitant Exportations +/- 450 M€

UNE SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE QUI POUSSE LES ENTREPRENEURS À RÉAGIR

La Martinique se caractérise par une croissance économique en panne depuis plus de cinq ans et un niveau inégalé de chômage des jeunes de moins de 25 ans.

Face à ce constat et aux défis qu’il induit, les entrepreneurs martiniquais ont engagé un processus sans précédent au service d’une dynamique ambitieuse et innovante le territoire.

Cette démarche procède de la volonté de la Martinique d’appréhender autrement son développement économique, ses relations avec l’Hexagone, ses partenaires régionaux et l’ensemble des outre-mer.

Les travaux du MEDEF Martinique ont mis en œuvre une méthodologie originale, en trois étapes :

  • étude des projets réalisés dans les outre-mer et dans des îles telles que la Barbade, la Jamaïque, Sainte-Lucie ou l’île Maurice ;
  • intégration des travaux du MEDEF national ;
  • entretiens avec les adhérents.

L’originalité du projet ainsi élaboré est qu’il se nourrit des propositions, idées et visions des entreprises membres du MEDEF Martinique, tout en ouvrant un dialogue avec les acteurs politiques et institutionnels et, au-delà, avec l’ensemble des Martiniquais, afin de construire avec eux les conditions d’un développement harmonieux et durable de l’île.

Cette démarche est surtout animée d’une foi inébranlable dans la capacité des Martiniquais à transformer la difficulté en une formidable opportunité. Des exemples sont là pour attester qu’une telle mutation est possible. C’est le cas de l’industrie du rhum, qui a été complètement modernisée et atteint aujourd’hui un niveau de qualité reconnu au niveau international.

Il en est de même pour la filière de la banane, qui est parvenue à se moderniser dans un environnement hyper concurrentiel.

Les entrepreneurs martiniquais disposent de tout le savoir-faire nécessaire pour relancer l’économie et repenser en particulier le secteur du tourisme, qui a vocation à s’imposer comme la véritable clé de voûte de l’économie martiniquaise.

Dans l’effort à accomplir, c’est donc l’entreprise qui est déterminante pour la réussite économique du territoire.

Mais les objectifs proposés ne seront atteints qu’au moyen d’une action concertée avec l’ensemble des parties prenantes. Dans cette perspective, la mise en place de la Collectivité territoriale de Martinique (décembre 2015) représente une évolution capitale de ce territoire et ouvre un champ nouveau pour que les Martiniquais bâtissent ensemble les fondations d’une Martinique conquérante et gagnante. La coopération, la concertation et les échanges entre les différents acteurs sont en effet indispensables pour faire que la nouvelle organisation territoriale soit plus agile, efficace et lisible pour le monde économique.

Transformer la difficulté en une formidable opportunité

 

CINQ AXES STRATÉGIQUES

Le travail de concertation avec les entrepreneurs membres du MEDEF Martinique a abouti à identifier 5 axes prioritaires de développement :

  • tourisme ;
  • innovation ;
  • aménagement du territoire ;
  • emploi et formation ;
  • environnement et transition énergétique.

Les propositions faites dans ce cadre sont chiffrées pour renforcer leur impact et permettre une mise en œuvre efficace.

1. TOURISME : SE POSITIONNER PARMILES MEILLEURES DESTINATIONS DE LA CARAÏBE

Avec un chiffre d’affaires de près de 400 M€, le tourisme représente un enjeu économique majeur pour la Martinique. Or, le secteur souffre d’un problème de rentabilité générale. En termes de nombre de touristes accueillis rapporté au nombre d’habitants, les revenus générés par cette activité sont proportionnellement inférieurs à ceux des territoires qui sont les concurrents directs de la Martinique (Sainte-Lucie, Barbade, Dominique, Saint Domingue …).

Les causes de cette situation sont multiples :

  • un tourisme essentiellement affinitaire : parmi les 490 000 touristes (hors tourisme de croisière) séjournant à la Martinique, 80  % viennent de métropole, 10  % des départements français d’Amérique et seulement 10 % du reste du monde) ;
  • des infrastructures vieillissantes et l’absence d’offres de service adaptées aux nouveaux modes de consommation ;
  • une desserte aérienne saturée et essentiellement tournée vers la métropole.

Dans ce contexte, le MEDEF Martinique propose les actions suivantes :

  • mise en place d’une zone franche export qui permettrait à la Martinique d’être une zone duty free pour les touristes ;
  • rénovation du parc hôtelier actuel avec un objectif de montée en gamme ;
  • diversification de l’offre de structures d’accueil (hôtel, villas …), notamment sur les sites d’exception, avec un objectif d’ouverture de 1000 chambres supplémentaires, toutes structures confondues ;
  • promotion du tourisme patrimonial et historique : mise en valeur de sites tels que ceux de Saint-Pierre et de La Pagerie, structuration d’animations autour des sites culturels et/ou historiques (du type Puy-du-Fou) ;
  • développement d’une offre d’animations nocturnes (restauration, spectacles, visites…) ;
  • connexion du tourisme aux autres secteurs d’activité : pêche, agriculture, plaisance, industrie, commerce, santé, éducation, numérique…
  • déploiement d’une communication adaptée aux nouveaux modes de consommation (réseaux sociaux, géolocalisation…) ;
  • création ou développement d’événements à dimension internationale (festivals…) ;
  • construction d’un deuxième golf.

 

2. INNOVATION : FAIRE DE LA MARTINIQUE UNE TERRE D’EXPÉRIMENTATION ET DE CRÉATION

Pour atteindre cet objectif, la Martinique dispose de nombreux atouts :

  • des dispositifs incitatifs : exonérations fiscales, mécanismes de subvention des activités de recherche et développement… ;
  • une situation géographique et un climat propices à faire de la Martinique une terre d’expérimentation des technologies en milieu tropical. Or, ce potentiel est insuffisamment exploité actuellement. Parmi les causes de cette sous-exploitation, on peut notamment citer :
    • une méconnaissance par les entreprises des dispositifs d’incitation existants. Ainsi, le crédit d’impôt recherche est presque fois deux fois plus avantageux outre-mer pour les entreprises qu’en métropole ;
    • un retard dans le développement des infrastructures de télécommunications, cause d’une fracture numérique avec la métropole (le taux de pénétration du haut débit est plus faible en Martinique que dans l’Hexagone) et au sein même de l’île.

Face à cela, le MEDEF s’engage à :

  • développer la communication sur les conditions d’accès aux dispositifs d’incitation économique (subventions, exonérations fiscales…) et accompagnement des entreprises ;
  • communiquer activement auprès des autorités (ministère de l’Économie et des Finances, ministère de l’outre-mer, institutions européennes) pour la préservation et l’amélioration des dispositifs d’incitation en place ;
  • accompagner la création d’un écosystème de start-up dans le numérique, notamment pour développer des applications et des contenus permettant de moderniser le tourisme ;
  • promouvoir l’installation d’entreprises de pointe sur le territoire martiniquais et assister les entreprises dans leur transition vers les nouvelles technologies ;
  • inciter les grands groupes français à installer en Martinique leurs cellules RD dédiées aux milieux tropicaux.

Potentiel insuffisamment exploité

3. AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, UN LEVIER DE CROISSANCE

L’aménagement du territoire est un sujet de préoccupation important pour le MEDEF Martinique.

En effet, la situation actuelle se caractérise par :

  • un réseau routier interne congestionné, qui freine le développement économique de l’île ;
  • un aéroport international essentiellement tourné vers la métropole (moins de 10 % des voyageurs sont concernés par les liaisons internationales). A titre de comparaison, plus des deux tiers du trafic passagers de l’aéroport de Sainte-Lucie concerne des vols internationaux.

Dans ce contexte, le MEDEF Martinique s’engage à :

  • participer activement aux différents projets de développement du réseau interne de transports permettant le désengorgement de la zone de Fort-de- France et améliorant la desserte des autres zones de l’île : amélioration du réseau routier martiniquais (voie rapide Sainte-Anne – Morne Rouge, Pont sur la baie de Fort-de-France…), extension géographique du réseau de transports en commun (TCSP) ;
  • mettre en œuvre des actions et communiquer en faveur du développement des liaisons à l’international pour l’aéroport Aimé-Césaire ;
  • participer au développement du Grand Port maritime, qui peut constituer un moteur de développement pour l’économie du territoire : relais entre les autorités et les entreprises aussi bien pour le développement des activités en lien avec le projet de modernisation du port que pour la promotion du dialogue social ;
  • s’impliquer dans le projet « On rénove la Martinique » qui concerne les 34 communes de l’île et porte sur la rénovation, la mise à niveau des équipements publics et l’embellissement des centres villes. Cette action contribuera à l’amélioration du cadre de vie des Martiniquais.

Aménagement du territoire, un sujet de préoccupation important

4. EMPLOI ET FORMATION : POUR UNE MEILLEURE INTÉGRATION DES JEUNES

En matière de chômage, les constats sont terribles : 47,4 % des actifs de moins de 25 ans sont au chômage ; le faible niveau de qualification de la population active entrave l’accès à l’emploi : le taux de chômage atteint 30,40 % pour les actifs sans diplôme, 12,6 % pour les titulaires d’un premier cycle universitaire et 7,5  % pour les titulaires d’un deuxième cycle.

Pour une population de 381 326 habitants (en 2014), la Martinique compte 24,9 % de jeunes de moins de 20 ans. Par ailleurs, le solde migratoire est négatif (plus d’un quart de la population née en Martinique réside en métropole ; 9 personnes sur 10 ont quitté la Martinique avant 35 ans et plus de la moitié avant 25  ans (plus diplômés qu’à la Martinique leur taux d’emploi est de 64,2 % contre 62,3 % pour les métropolitains).

Les engagements du MEDEF dans ce domaine visent à déployer tous les dispositifs de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle pour développer la compétence des jeunes afin de leur assurer une insertion durable dans l’emploi. Aucune offre d’emploi ne doit rester insatisfaite : c’est la volonté des entrepreneurs de régler la problématique actuelle d’offres d’emplois qui ne trouvent pas de réponse à cause du décalage entre le profil du candidat et le besoin de l’entreprise. A cette fin, le MEDEF propose d’innover et d’expérimenter :

  • créer un « Yonn a lot » renforcé pour les jeunes sans qualification : via un partenariat avec l’État et la Collectivité territoriale de Martinique, donner la possibilité à toutes les entreprises inscrites dans le dispositif et qui s’engagent à la fin de l’opération à recruter un jeune durant deux ans minimum de bénéficier d’un dispositif « zéro charge » (prise en charge durant 12 mois des charges salariales et patronales par l’État et la CTM pour tout contrat jusqu’à 1,5 smic) ;
  • transformer, pour les jeunes de moins de 30 ans, les aides aux demandeurs d’emploi en dispositif de réduction du coût de travail ;
  • préparer en amont le retour des jeunes talents au moyen d’un dispositif de sélection, accompagnement et financement des études avec un engagement d’exercice en Martinique ;
  • mettre en place un dispositif d’accompagnement socio-professionnel adapté, proposant une remobilisation, une orientation et un accompagnement global prenant en compte les aspects de santé, logement, mobilité, gestion budgétaire…
  • favoriser l’insertion des jeunes dans l’entreprise, dans le cadre de l’école de la 2ème chance avec les missions locales, le RSMA et les entreprises : mise en place d’un dispositif de 15 jours qui s’adresse aux jeunes peu qualifiés, centré sur le savoir être ;
  • mettre en place une offre globale pour les jeunes de 16 à 25 ans sans qualification ni diplôme, via une structure dédiée, par : une restructuration de l’offre du lycée professionnel, après analyse stratégique du positionnement de ce dernier, l’évolution de l’Atelier chantier d’insertion (ACI) « La Rivière » en ACI permanent, l’ouverture de nouveaux ACI dans de nouveaux secteurs porteurs d’emploi en Martinique, afin de proposer un panel de débouchés plus complet.

Déployer tous les dispositifs de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle

5. TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

En matière de transition énergétique, l’enjeu est double ; il s’agit de :

  • renforcer la maîtrise de l’énergie pour la compétitivité de l’économie martiniquaise au moyen de : la rénovation de l’habitat social  : aides aux bailleurs et aux opérateurs sociaux (prêts à la rénovation, défiscalisation, etc.), l’accompagnement des entreprises dans la rénovation énergétique : remettre en place le doublement des primes CEE avec l’obtention de la certification ISO 50001, l’engagement des projets de réseaux de froid : géothermie dans la plaine du Lamentin, récupération de chaleur des centrales thermiques… l’octroi aux collectivités des outils financiers pour investir dans les nouvelles technologies de maîtrise de l’énergie (LED, éco-quartiers) ;
  •  réussir l’autonomie énergétique en créant de l’emploi durable. Cet objectif sera atteint par : le renforcement de la production d’énergies renouvelables continues  : valorisation énergétique des déchets par la production de CSR, développement de l’énergie éolienne et solaire avec stockage, biomasse et énergie thermique des mers, le développement des énergies renouvelables intermittentes en tenant compte du réseau d’infrastructure et d’accompagnement des nouvelles solutions technologiques : stockage centralisé d’énergie (batteries, micro step…), smart grids, réseaux intelligents, nouveaux compteurs, l’engagement d’un programme de développement des véhicules électriques pour les entreprises et collectivités en utilisant les énergies renouvelables (aides et défiscalisation).

Dans ce contexte, le MEDEF Martinique s’engage :

  • en faveur de compléments aux programmes d’aide et de financement actuels par des solutions de défiscalisation des investissements ou de financement ad hoc ;
  • pour un accompagnent au développement des entreprises engagées dans la transition énergétique ;
  • pour un pôle de la transition énergétique (avec statut de zone franche) avec d’autres partenaires sur le territoire, dont la vocation sera de former les jeunes aux métiers de demain, d’adapter les technologies au contexte insulaire et de créer un pôle économique pour les start-up martiniquaises.

Double enjeu : renforcer la maîtrise de l’énergie, réussir l’autonomie énergétique

CONCLUSION

Les entrepreneurs ont foi dans l’avenir de la Martinique parce qu’ils ne doutent pas du potentiel économique, naturel et humain de ce territoire.

Leur préoccupation est que les entreprises puissent évoluer dans un environnement qui n’entrave pas ce développement. En particulier, plutôt que de parler de défiscalisation, ils soulignent l’importance de la compensation des surcoûts et des handicaps structurels qui est d’autant plus nécessaire que ceux-ci ne disparaîtront pas.