L’intelligence collective pour compenser la perte d’intelligence de l’entreprise ?

L’intelligence collective est devenue incontournable ces derniers mois, d’autant plus qu’on lui attribue toutes les vertus. A tort !
Isaac Getz, le chantre de la libération d’entreprises, lui a trouvé la capacité à générer de l’innovation produit, si on se base sur l’étude faite par un enseignant chercheur de Dauphine (http://urlz.fr/2LRW ). Le lien intelligence collective/innovation produit que l’auteur a essayé de mettre en évidence est au minimum une erreur d’analyse de sa part  (http://urlz.fr/2MXz).

Et même si l’enseignant/conférencier semble avoir renoncé au potentiel d’innovation produit que générerait son courant, s’étant tourné vers une philosophie, on peut dire que « le mal est fait » tant ceci semble entré dans l’inconscient des réseaux sociaux. Non, l’intelligence collective ne créée pas par nature de l’innovation produit.

De même, on a vu récemment le dirigeant d’un Grand Groupe familial français affirmer que dans son entreprise, ce sont désormais les salariés entre eux qui définissent la stratégie. Après lecture de l’article on apprend qu’en fait de stratégie ce sont les priorités du mois du service qui sont définis par les équipes. Curieuse définition de la stratégie ou quand la communication prend le pas sur la réalité…

Il ne s’agit pas ici de remettre en cause l’importance de l’intelligence collective, l’avenir des entreprises est bien dans le collaboratif au service d’une vision, d’une stratégie.
Néanmoins, le DRH d’un Grand Groupe qui voudrait mettre en place cette panacée décrétée serait forcément déçu par ses  résultats s’il écoute les chimères des réseaux sociaux, vendus par des gourous, et reprises par des consultants et autres coachs.

En premier lieu parce que l’intelligence collective n’a pas ces vertus miracles proférés par des marchands de rêve. Penser qu’elle puisse  changer, transformer, voire disrupter un Grand Groupe, c’est croire qu’elle puisse avoir une quelconque influence sur les marchés financiers, qui eux la conditionne, de sa culture en passant par son organisation et  son management.

De plus, l’entreprise devrait retrouver au préalable son intelligence perdue.

A quoi cela servirait-il de trouver la bonne idée si l’entreprise est  dans l’impossibilité de la mettre en œuvre  par perte d’esprit de décision  ou encore absence de droit à l’erreur ? L’intelligence de l’entreprise est du domaine de sa culture

Retrouver l’intelligence perdue demandera  un autre niveau de réflexion que de vérifier s’il y a bien le bon nombre de niveaux hiérarchiques.  Or c’est ce que à quoi nous assistons depuis plusieurs mois à travers les différentes tendances du moment : Agilité, Entreprise Libérée, Holacratie, dont l’invariant est bien  la remise en cause du manager et des structures.

Si on débarrasse ces modes de leurs fioritures, des jolis emballages qui les entourent à travers des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, on arrive toujours à cette constante de : supprimer des effectifs.

Des Grands Groupes ne s’y trompent pas et justifient désormais leur continuelle pression sur la masse salariale en invoquant l’agilité comme ce Géant français des Telecom ou encore en acceptant bien volontiers  les labels d’innovation distribués gracieusement et surtout sans modération par les créateurs ou promoteurs de ces nouvelles modes managériales alors même qu’ils annoncent des plans sociaux. Même si certaines innovations peuvent être intéressantes sous certaines conditions,  l’intelligence de l’entreprise est du niveau de sa culture et pas de sa structure.

Le décalage entre la communication faite sur les réseaux sociaux et ce que vivent aux quotidiens des salariés de Grands Groupes rencontrés est stupéfiant. Ces apparents signaux faibles, ne s’agissant pas d’une étude, ne le sont plus lorsque quelle que soit l’entreprise, son marché, quels que soient les titres des personnes rencontrées du dirigeant à la base, on arrive toujours au même constat de déresponsabilisation, déshumanisation, perte de sens, alors même que l’on  parle depuis plus de 2 ans maintenant d’une vague de transformation ? Où se situe-t-elle en dehors d’une communication marketing de gourous et de Directeurs de Grands Groupes quand ce ne sont pas des Dirigeants eux-mêmes faisant leur auto promotion ?

En quoi serait-ce une priorité de transformation managériale et organisationnelle au XXIème siècle de réduire les niveaux hiérarchiques comparée à l’urgence de retrouver l’intelligence perdue de l’entreprise ?

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Source : Rhinfo