Conseil d’administration : les femmes n’attendront pas 2017

L’égalité homme-femme alimente régulièrement les débats autour de l’entreprise, que ce soit via le spectre de la rémunération ou des responsabilités exercées. Les grands groupes français, et plus particulièrement leur conseil d’administration, n’échappent pas à cette nouvelle donne.
 
En 2014, la loi sur la représentativité des femmes au sein des conseils d’administration des grands groupes français, votée en janvier 2011, entrait en vigueur. Face à des entreprises encore massivement masculine, et, alors que les réflexions sur la place de la femme en entreprise occupaient l’espace public, le législateur avait, par le texte, contraint les entreprises à accompagner les évolutions sociétales. Concrètement, il s’agissait de renforcer la mixité au sein des conseils d’administration, avec 20 % de femmes administratrices. L’objectif étant, à horizon 2017, d’atteindre le seuil des 40 %, et donc d’identifier près de 2 000 femmes supplémentaires en mesure d’assurer un mandat.
 
Force est de constater qu’avec ce cadre législatif contraignant, les objectifs du législateur pour 2014 ont été atteints. Pour autant, avec 36 % de femmes représentées, les entreprises du CAC 40 ne sont pas encore au rendez-vous des objectifs fixés pour 2017. Si certaines sont des modèles à suivre, d’autres témoignent hélas d’un retard inquiétant. Le SBF 120, quant à lui, affichait seulement 24 % de femmes administratrices en 2013.
 
S’il y a de toute évidence une prise de conscience, cela n’est toutefois pas valable pour tous les secteurs. L’énergie et le bâtiment font figure de bons élèves, avec des ambassadeurs tels que Engie (près de 60 % de femmes au conseil d’administration), Michelin (60 %) ou encore Vinci (40 %). La banque, menée par la BNP ou la Société Générale (respectivement 50 % et 58 %), n’est pas en reste. A l’inverse, cosmétiques ou luxe sont encore peu féminisés.
 
A l’échelle européenne, les disparités sociétales classiques se retrouvent avec des pays nordiques toujours en avance, Norvège et Finlande en tête (30 % de femmes dans les conseils d’administration en moyenne), et des pays du sud à la traîne (l’Italie, par exemple, ne compte que 4,5 % de femmes).
 
Or l’apport des femmes, longtemps perçu uniquement à travers le spectre de la vision à long terme, d’un management plus humain ou de positionnements sociétaux, est un véritable atout commercial pour les entreprises. Il faut aujourd’hui sortir de l’image d’Épinal, encore trop réductrice, de la femme agissant uniquement sur la dimension sociétale de l’entreprise. Les femmes peuvent aussi avoir une approche orientée résultats forte, en témoigne le parcours de Christine Fabresse, actuelle présidente du directoire de la Caisse d’Epargne en Languedoc-Roussillon, et précédemment directrice du développement Caisses d’Epargne chez BPCE, au siège du groupe à Paris.
 
De même, l’idée que le législateur serait le seul à pouvoir changer un monde de l’entreprise encore trop masculin ne doit plus être envisagée comme le seul levier efficace. Les femmes, administrateurs ou non, n’ont pas attendu la loi Zimmermann-Copé pour se structurer et faire valoir leurs compétences. De nombreux réseaux, comme la fédération des Femmes Administrateurs, témoignent d’un fait évident : elles se sont déjà fait une place de choix dans l’entreprise, et ce dans les plus hautes instances.
 
Christian Pousset
A la tête de PeopletoPeople (conseil et accompagnement de dirigeants). Avant cela, il a été manager associé pendant cinq ans au sein de TMP Worldwide, puis il a rejoint le groupe Euro RSG, où il est resté 12 ans, en tant que Directeur du Développement des activités Corporate puis DGA d’EURO SCG […]
 
Source : HBR