Les 10 paradoxes français du recrutement et de l'emploi

L’article intitulé « Recrutement : le grand décalage » rédigé par Anne Rodier et publié sur LeMonde.fr le 6 janvier 2016 dresse le portrait d’une société où la rareté de l’emploi, le manque de vision économique sur le long terme et la mondialisation a modifié les politiques de recrutement, les conditions d’embauche et les exigences de toutes les parties (recruteurs vs candidats).
En 2015, selon le directeur de l’APEC, seulement  une entreprise sur trois souhaite recruter des jeunes diplômés. Décidément, la France n’aime pas l’avenir. Le jeune candidat est inexpérimenté, et pour cause, on ne lui a pas laissé sa chance.
Et pour les heureux élus, le droit de travailler est synonyme de bas salaire, de contrats précaires, du plaisir de travailler avec un employeur en perte d’ambition, car lui, n’est pas encore habitué à cette précarité qu’il propose. Lui, il pense sécurité.
Parfois des paradoxes, parfois des attentes contraires, mais avant tout, des points de vue radicalement différents, voici une liste non exhaustive de dix décalages qui parleront à beaucoup :

♦Premier décalage: des entreprises qui veulent des jeunes expérimentés et des jeunes candidats qui veulent tout tout de suite. C’est pas possible.
♦Deuxième décalage: des entreprises qui veulent des candidats flexibles juste au niveau des contrats et des tâches qu’elles proposent, mais qui n’aiment pas trop la flexibilité dans les expériences.
♦Troisième décalage : des entreprises qui veulent des candidats à bas coût, bien formés, et qui s’investissent en ne leur promettant pas grand chose.
♦Quatrième décalage : des entreprises qui exigent plus des employés que d’elles-mêmes. Soyez exemplaire, et exigez exemplaire, mais pas le contraire.
♦Cinquième décalage : des temps de recrutement longs dans un monde qui va vite. Même s’il y a la queue, les candidats n’ont pas le luxe de pouvoir attendre.
♦Sixième décalage: des entreprises qui demande de l’engagement et des candidats qui voient à court-terme. En même temps, s’engager dans la précarité, c’est compliqué, mais renforcer son entreprise en ne pensant qu’à court-terme, c’est compliqué aussi.
♦Septième décalage : Des candidats qui voient à court terme, mais qui voudrait impacter leurs entreprises. Décidément, vous êtes pas synchro!
♦Huitième décalage: Des entreprises qui parlent de performances, de productivités, de croissance…. et des nouveaux arrivants qui veulent du sens, qui parlent de bien-être. Le mariage s’annonce difficile.
♦Neuvième décalage: Des recruteurs qui veulent parfois encore faire rêver, mais des nouvelles générations qui ne croient plus au père noël, alors parler en toute transparence.
♦Dixième décalage : des entreprises qui ne savent plus parier, mais qui voudrait réussir. No pain, no gain!

Bref, le grand décalage, c’est que les entreprises pensent avoir l’embarras du choix à moindre coût, mais elles pensent avant tout dans une société donnée,  alors que les jeunes candidats, souvent diplômés, très diplômés même, première génération née mondialisée ne pense pas le système pareil.
Bonne nouvelle tout de même: la France ne manque pas de potentiel, elle manque juste d’ambition.

Victor WAKNINE