Travail : le coût du présentéisme plus élevé que celui... de l'absentéisme

Avec la crise, les employés sont plus enclins à venir travailler en toutes circonstances. Or un salarié présent à son poste mais fatigué ou malade est peu productif, ce qui a un coût considérable pour l'entreprise.

Le surinvestissement au travail est néfaste à la santé des employés et la productivité des entreprises.

Pour lutter contre ce phénomène, le Japon a décidé de forcer les travailleurs à prendre un minimum de 5 jours de vacances par an. Si les Japonais sont réputés pour leur tempérament besogneux, ils ne sont pas les seuls concernés par ce fléau.

De fait, Matthieu Poirot, fondateur du cabinet Midori Consulting, explique «qu'avec la crise, les salariés sont de plus en plus enclins à venir travailler, même malades ou fatigués. Or des salariés présents mais malades et démotivés sont en réalité coûteux pour les sociétés car leur productivité faiblit». De fait, les salariés, inquiets de perdre leur emploi, se surinvestissent professionnellement, avec des horaires à rallonge qui provoquent un état d'épuisement émotionnel et une moindre productivité.

Une comparaison entre pays permet d'établir un lien inversement proportionnel entre taux de productivité et temps passé au travail. Les pays du Nord se distinguent. La Norvège a un taux de productivité par travailleurs parmi les plus élevés au monde pour un temps de travail effectif parmi les moins élevés. À l'inverse, le Japon présente un des taux de productivité les plus faibles au monde alors que les travailleurs nippons passent beaucoup de temps à leur poste de travail.
 

Le présentéisme coûte de 13 à 25 milliards d'euros par an

Les travailleurs français se situent dans la moyenne. «Mais avec la crise, on constate que le taux de présentéisme progresse», alerte Matthieu Poirot. Pour l'expert en qualité de vie au travail, un salarié fait du présentéisme lorsque sa productivité est en recul de 30%. Selon l'observateur le taux théorique de présentéisme est compris entre 6% et 9% de la masse salariale en France. «Ainsi, d'après un calcul statistique, le coût du présentéisme serait entre 2,7% et 4,8% de la masse salariale. Ce coût caché pour les entreprises s'élèverait ainsi entre 13,7 et 24,9 milliards d'euros par an»!

Le spécialiste ajoute dans son étude que pour une entreprise dont le salaire annuel moyen est de 27.000 euros, le coût du présentéisme est compris entre 514 euros et 660 euros par salarié chaque année. Ce dernier souligne par ailleurs que le taux d'absentéisme était de 4,53% en 2012 en France, ce qui représente un coût de 7 milliards d'euros pour les entreprises (et 9 milliards à l'Etat). Le coût du présentéisme est ainsi deux fois plus élevé que celui de l'absentéisme pour les entreprises.

«Les entreprises qui n'investissent pas sur la qualité au travail le paient en termes de chiffre d'affaires», alerte ainsi Matthieu Poirot. Pour atténuer ce phénomène, l'expert recommande ainsi aux entreprises «de mettre en place des cellules de soutien psychologique et des espaces de dialogue. La mise en place de journée de télétravail pour les travailleurs, en particulier en Ile de France, est également un moyen d'améliorer le bien être au travail.

Mais la reconnaissance tant symbolique, financière que de carrière reste le moyen le plus efficace pour améliorer l'efficacité et la rentabilité d'un salarié», conclut le spécialiste.

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Par Mathilde Golla,

Journaliste spécialisée en Economie