A la Réunion : Grève dans le BTP : journée décisive

L’ultimatum du patronat, lancé hier, expire à midi. Si les négociations ne reprennent pas d’ici là, la FRBTP a annoncé une augmentation de +0,4 %, provoquant la colère de l’intersyndicale. La grève devrait se durcir dans l’ouest : des perturbations sont à prévoir.
L’intersyndicale (CGTR, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO) avait prévenu : si la FRBTP revenait à la table des négociations avec 0,8 % d’augmentation salariale, les discussions allaient tourner court. Et c’est ce qui s’est passé hier après-midi. Il aura fallu moins d’une heure aux syndicats et au patronat pour partir au clash.

Après avoir proposé la semaine dernière une augmentation en trois étapes (+ 0,4 % au 1er janvier 2016, + 0,2 % en avril et + 0,2 % en octobre), la FRBTP a annoncé une augmentation de + 0,8 % au 1er avril. Soit l’équivalent de 10,12 centimes par heure pour un ouvrier. Unique condition : que les syndicats répondent avant midi aujourd’hui. En cas de refus, la fédération patronale a déjà indiqué qu’elle ferait une recommandation patronale à + 0,4 %. En d’autres termes, seules les entreprises adhérentes à la FRBTP seront soumises à cette proposition.

Un camouflet pour l’intersyndicale qui a donc quitté la table des négociations d’un seul homme, très remontée. "J’appelle tous les salariés à être plus nombreux dans la rue pour donner une réponse au patronat à la hauteur de son affront de ce soir ! Nous ne sommes qu’au 4e jour de grève. Ce mépris est intolérable alors que certaines entreprises font des résultats et annoncent des plans sociaux !", tempête Jacky Balmine, secrétaire de la CGTR BTP, à la sortie de la salle.

"C’est une provocation ! Nous allons montrer de quoi le BTP est capable !" s’emporte Johny Lagarrigue, secrétaire général de la CFDT BTP. "Cet ultimatum est un non-respect des salariés. 0,4 %, c’est juste l’inflation, soit le seuil minimal de négociation dans le BTP. Le mouvement va se durcir", ajoute René Anelard, de la CFTC BTP.

"C’est notre dernière proposition"

Après la longue journée de discussions de vendredi où chacun était resté campé sur ses positions, la FRBTP a préféré sonder ses mandants : elle a donc convoqué hier matin une assemblée générale extraordinaire. Le manque de perspectives et de chantiers en 2016 fait craindre le pire à la fédération qui indique dans un communiqué publié hier soir : "Le contexte dramatique de 2016 pourrait conduire à la destruction de plus de 2000 emplois et 300 entreprises du BTP dans les mois qui viennent. Malgré tout, les entreprises adhérentes de la FRBTP entendent les demandes de leurs salariés. (…) La FRBTP souhaite vivement débloquer la situation au plus vite."

"Nous ne pourrons pas aller au-delà de 0,8 %, c’est notre dernière proposition. J’ai des mandants en très grandes difficultés qui ont déjà accordé le surcoût de la mutuelle en début d’année. En réalité, il y a très peu de grévistes. Mais les sites industriels sont bloqués ce qui empêche l’approvisionnement des chantiers en granulats ou en ciment", insiste Bernard Siriex, président de la FRBTP. "Ce n’est pas un ultimatum, nous voulons arriver à la fin de ce conflit qui ne va pas dans le sens de notre profession. Cette grève n’est pas bonne pour nos entreprises, ni pour notre image."

L’intersyndicale devrait à son tour organiser une assemblée générale ce matin pour décider de la suite des événements. Vu la colère des représentants syndicaux hier soir, la grève pourrait prendre un nouveau tour. Hier, les grévistes avaient déjà commencé à positionner des barrages filtrants au Port, occasionnant de grosses perturbations. Dès ce matin, les automobilistes devront sans doute prendre leur mal en patience près des zones de blocage.

Émilie Marty