Réunion BTP/Ministère des Outre-mer, la prise de conscience ?

La ministre de l'Outre-mer George Pau-Langevin a reçu vendredi, à leur demande, les professionnels du BTP de Guyane, Guadeloupe, Martinique et Réunion, inquiets de la situation économique "catastrophique" de leur secteur.

Commande publique défaillante, blocages administratifs de programmes de logements à Bercy, délais de paiement inacceptables, baisse des charges sociales, les présidents des fédérations du bâtiment et des TP étaient venus demander des "solutions réelles" afin d’éviter la grave crise économique et sociale qu’ils redoutent.

Après plus de trois heures de discussions, la ministre a notamment décidé d'anticiper l'attribution de subventions de l'Etat, le Fond exceptionnel d'investissement, pour soutenir les commandes publiques des collectivités locales et augmenter le volume d'activité des entreprises du BTP.

Elle a aussi mandaté les préfets pour qu'ils réunissent rapidement les acteurs du secteur, afin de faire le point des entreprises en grandes difficultés et des retards de paiement des collectivités et voir comment leur apporter des solutions concrètes, en matière de paiement des factures des collectivités, parfois en souffrance depuis longtemps, et en matière d'aide sociale et fiscale.

Parmi les solutions à plus long terme, est envisagé "d'ici quelques semaines", la simplification des agréments fiscaux qui permettent de débloquer les dossiers de logements sociaux", pour relancer la production. Enfin, la ministre a confirmé que des discussions étaient en cours avec la BPI et de l'Agence française de développement (AFD), pour voir quelles facilités de paiement pouvaient être mises en place pour éviter de faire reporter les retards de paiement aux entreprises. Enfin le passage du BTP en secteur prioritaire de la zone franche sera étudié.

Malgré cette rencontre avec la ministre, les chefs d’entreprise n’ont pas été rassurés et restent mobilisés. Ils ont prévu de se retrouver régulièrement pour discuter avec les représentants de l’Etat. Mais comme l’a déclaré l’un d’entre eux à l’issue de la rencontre : « nous avons été écoutés…mais une grande partie des réponses est ailleurs…à Bercy. »

 

DU COTE DU PARLEMENT

L’eurodéputé Younous Omarjee dénonce les « manquements de l’Etat» à Mayotte, susceptibles d’empêcher la « pleine efficacité » des programmes européens. Pour lui, « tous les Outre-mer sont malades ».

Pour l’eurodéputé, « bien que les escadrons de gendarmes et de policiers annoncés en renfort sont nécessaires, ils ne peuvent être suffisants pour répondre aux attentes des Mahorais, nées de la départementalisation et de la RUPéïsation. «Mayotte est la région la plus pauvre d’Europe et dont la situation est la plus dégradée. A Bruxelles, tout le monde m’interroge sur la situation à Mayotte. Il y a une préoccupation de ce qui s’y passe», affirme t-il.

 

Il souligne ensuite que « Mayotte est la région la plus pauvre d’Europe et dont la situation est la plus dégradée (…) les manquements de l’Etat sont tels qu’ils ont des conséquences sur l’efficacité des programmes européens déployés à Mayotte (…) En Europe, ce que mes collègues me disent, c’est que Mayotte est un problème franco-français et qu’il faut qu’il soit réglé. Les promesses non-tenues et l’inachèvement de la départementalisation fragilisent aujourd’hui la mise en oeuvre de la RUPéïsation».

Mais l’Eurodéputé est tout aussi critique sur l’ensemble des territoires ultramarins puisqu’il déclare que « Tout l’Outre-mer est malade (…) ça peut exploser partout. Et lorsqu’on compare Mayotte et La Réunion, on compare deux malades. On ne peut pas considérer que la situation à La Réunion soit bien meilleure, même si elle est différente. Sur l’emploi et la situation économique, tous les Outre-mer vont mal». Avec une conséquence sur la fragilité de la cohésion dans les sociétés ultramarines.

Younous Omarjee estime enfin que la société civile n’est pas assez entendue. Commentant la journée « ville morte » à Mayotte, l’eurodéputé conclut : «Cette marche a été un élément de resserrement, de consolidation de la cohésion de Mayotte. Qu’on soit Mahorais ou métropolitain, dirigeant économique, fonctionnaire ou chômeur, tout le monde s’est retrouvé pour dire ‘la vie qu’on mène n’est plus possible et on veut être entendus’. »

 

Source : La lettre de la FEDOM