Les réorganisations perturbent la santé des salariés

A l’occasion de la Journée mondiale de la Sécurité et de la santé au travail, qui se déroule jeudi, Malakoff Médéric livre, dans son rapport d’étude sur la santé et le bien-être des salariés, les facteurs de risque à surveiller. Les réorganisations, les mutations technologiques et le manque de reconnaissance arrivent en tête.

Mutation des organisations, allongement de la vie professionnelle, transformation numérique… Alors que 95% des dirigeants estiment que l’entreprise a un rôle important à jouer dans la santé et le bien-être au travail, selon l’étude annuelle de Malakoff Mederic, publiée à quelques jours de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail du 28 avril consacrée au stress, il reste encore beaucoup à faire. Car les facteurs de risque sont nombreux. Preuve que les politiques QVT n’ont pas encore porté leurs fruits ? "Toutes les entreprises n’ont pas encore négocié d’accord mais elles ont pris conscience de ces questions", affirme Anne-Sophie Godon, directrice innovation, études et veille à Malakoff Mederic. Reste aujourd’hui à franchir le pas.

Réorganisation
Parmi les points de vigilance, les incessantes réorganisations arrivent en tête. La moitié des salariés a, en effet, connu au moins un changement interne important au cours de ces 12 derniers mois, contre 36% en 2009. Il peut s’agir d’une restructuration, d’une réorganisation, d’un changement imposé de poste ou de métier, d’un plan social ou d’un licenciement. Or, ces bouleversements ne sont pas toujours bien vécus. Surtout lorsqu’ils ne sont pas accompagnés. Dans ce cas, les risques d’arrêt maladie s’accroissent, contrairement aux salariés qui estiment avoir été impliqués en amont. Au total, 47% des salariés bénéficient d’un accompagnement.

Allongement de la vie professionnelle
Par ailleurs, l’allongement de la vie professionnelle inquiète les salariés. 44% d’entre eux pensent qu’ils seront incapables de travailler au même rythme dans 10 ans, dont 65% chez les 50 ans et plus. Notamment en raison de la fatigue nerveuse. D’où la nécessité pour les DRH "de faciliter les parcours professionnels et donner plus de visibilité aux salariés".  Même si l’environnement de travail est perçu comme un peu moins contraignant. De même, 23% ont peur d’être dépassés dans les prochaines années par les nouveaux outils technologiques. Sans distinction d’âge, de statut ou de secteur. Ils n’étaient que 16% dans ce cas en 2010.

Manque d'autonomie
Autres motifs d’insatisfaction : les salariés pointent leur manque d’autonomie. 20% des salariés estiment ne pas pouvoir prendre de décisions dans leur travail, un chiffre en hausse de 11 points depuis 2009. Le manque de reconnaissance de la part de la hiérarchie pèse, lui, sur 4 salariés sur 10. "Faute de croissance retrouvée, les DRH doivent aujourd’hui trouver d’autres leviers de motivation que ceux liés à la rémunération".

Parmi les pistes plébiscitées par les salariés, l’aide au retour à l’emploi après un arrêt maladie, la conciliation vie professionnelle/vie privée en cas de maladie chronique, le dépistage à une addiction (tabac ou alcool), des services favorisant l’accompagnement d’un parent dépendant (21% des salariés de plus de 50 ans sont des "aidants") ou encore l'aide psychologique en cas de difficultés personnelles ou professionnelles.

Désengagement
L’enjeu est de taille : tous statuts confondus, les signes de désengagement des salariés sont de plus en plus nombreux, selon l’étude. 26% d’entre eux "ont envie de prendre un arrêt maladie, même lorsqu’ils ne sont pas malades" ( un chiffre en progression de 8 points en 7 ans) et 22% seulement des salariés cherchent à "améliorer leur façon de travailler". Ils étaient 31% en 2010.

Par Anne Bariet