Le BTP n'ira pas dans le mur

Les trois jours d'ateliers au Château La Favorite ne devaient pas être une grand messe de plus. Des pistes sont déjà avancées et répertoriées.

Les Ateliers du BTP ont, pour leur première journée mardi, révélé la détermination des acteurs à vouloir trouver des pistes pour relancer la filière, victime d'une crise sans précédent. Pour aboutir à un résultat concret, c'est d'ailleurs une formule pragmatique s'articulant sur sept tables rondes répondant à une thématique particulière qui a été retenue. Elle s'est voulue une réunion prenant en compte la globalité des acteurs. « La conviction que l'on a, c'est que ça ne peut marcher que si ce travail est co-construit avec l'ensemble des parties prenantes » , fait observer Emmanuel de Reynal, le président de Contact-Entreprises, organisateur de l'opération.

En montrant ses superbes réalisations en photo, en conférence plénière d'ouverture, l'architecte de renom Rudy Ruccietti a lancé les ateliers sur une note d'espérance. Preuve que les chefs d'entreprise ne manquent pas d'optimisme.

Les travaux ont contribué notamment à identifier les freins à lever prioritairement pour donner un nouveau souffle à l'activité. Ces points de blocage sont d'ordre réglementaire, normatifs, liés aussi à la disponibilité du foncier, d'ordre également financier. « J'espère qu'au terme de ces journées on aura su casser ces freins, et proposer de vraies pistes pour redynamiser ce secteur » , lance en aparté un membre de l'auditoire.

L'atelier « Et si la commande n'était pas que publique ? » se voulait un élément de réflexion sur les sources de la commande.
« Aujourd'hui, on a tendance à penser que seule la commande publique pouvait relancer le BTP. C'est vrai qu'elle est importante, il faut bien l'organiser et bien la flécher. Il se peut qu'elle serve de stratégie globale pour la Martinique, mais il y a aussi des leviers sur lesquels il faut réfléchir, notamment ceux de la commande privée » , a-t-on entendu.

Les organisateurs déplorent l'absence des politiques. « C'est assez incompréhensible que, sur des sujets comme celui-là, on ne puisse pas très naturellement réfléchir ensemble à des pistes » . (W.T./F-A.)

DÉFISCALISATION, ON EN REDEMANDE!
L'urgence de rétablir un dispositif, celui de la défiscalisation, est fortement souhaitée. « Entre 1986 et 2006, le BTP se portait bien. En réalité c'est parce qu'il y avait des mesures de défiscalisation qui permettaient aux acteurs privés d'investir dans du logement. Et c'est depuis l'arrêt du dispositif en 2008 qu'on constate l'effondrement du BTP. Il y a clairement un lien de cause à effet. Il faut donc qu'on se remette à réfléchir sur cette piste-là pour relancer la commande privée » , suggère Emmanuel de Reynal.
Dans le monde du Bâtiment, on ne se laisse pas gagner par le désespoir. Chaque table ronde fera un compte-rendu précis, un rapporteur général de Contact-Entreprise fera la synthèse des travaux et les enrichira par des propositions. Des documents produits dans les quinze jours qui suivent la fin des ateliers constitueront un vrai guide stratégique.
L'idée est de dessiner une vision, de veiller à ce qu'elle soit partagée par tous, et qu'elle fixe des axes de priorité, parmi lesquels une réflexion sur le champ fiscal qui est un des éléments pour refinancer les travaux.
Après les succès des Ateliers de la Mer et ceux du rhum, qui a fait admettre la thématique du rhum comme étant un levier économique au point que l'on parle maintenant de spiritourisme pour relancer la stratégie touristique, « Les Ateliers du BTP » concourront-t-ils à remettre en selle un secteur en berne ?

SOS à la commande privée
Il y a à mener des réflexions sur des secteurs d'activité privés. Les acteurs pensent notamment à un plan Marshall de reconstruction de chambres d'hôtels qui serait vertueux pour l'ensemble de l'économie. « On sait que la Martinique sera considérée comme une vraie destination touristique dès lors qu'elle aura entre 8 000 et 10 000 chambres d'hôtel à offrir aux visiteurs. Aujourd'hui on en est à un tiers de ce chiffre. » Pourquoi ne pas imaginer un dispositif particulier pour accélérer cette offre-là ? C'est autour de cette statégie que doivent se mettre d'accord les acteurs du privé et les acteurs du public. A ce propos, un constat est à faire, cette absence de dialogue entre les deux publics. « Aujourd'hui nous avons la chance de voir quelques élus qui sont venus. Et je rends hommage pour cela à Yan Monplaisir (président de la Commission Déloppement économique et Tourisme à la CTM) qui participe à ces travaux. Mais nous aurions aimé que d'autres membres de la CTM, et notamment ceux en charge du BTP s'emparent de ce sujet majeur » , pense-ton chez les professionnels.

Source : France Antilles du 15.03.2018