Le Groupe Vinci : 2017, année de la montée en puissance du Grand Paris

Comme anticipé, le groupe Vinci aura enregistré une baisse gérable de son chiffre d’affaires en 2016. 2017 devrait marquer une inflexion de tendance, avec une amorce de progression des activités et une consolidation de l’amélioration du résultat. Eléments de contexte et commentaires.

Xavier Huillard, président de Vinci : « Alors que les travaux du chantier SEA s’achèvent, nous sommes en train de faire la démonstration du potentiel exceptionnel de création de valeur de notre modèle intégré."
Xavier Huillard, président de Vinci : « Alors que les travaux du chantier SEA s’achèvent, nous sommes en train de faire la démonstration du potentiel exceptionnel de création de valeur de notre modèle intégré. »
Pour Xavier Huillard, le Président de Vinci, « l’année s’annonce sans doute un peu stressante mais certainement passionnante ». Explication : 2017 est l’année de la montée en puissance du Grand Paris, « un projet jusque-là sur le papier et dont on commence à voir la concrétisation sur le terrain ; cela va être géant !».

A la clé 200 km de métro automatique moyennant près de 30 milliards d’euros, 68 nouvelles gares, 140 km2 à aménager, afin que la métropole parisienne reste parmi les villes-capitales parmi les plus attractives au  monde. Tous les projets liés à ce chantier pharaonique vont mobiliser, dans les quinze à vingt prochaines années, les équipes du groupe de BTP qui va, en particulier, mobiliser les compétences de ses filiales Vinci Construction, Vinci Energies et Eurovia. L’enjeu ? Répondre au double défi, technique et humain que représente le Grand Paris, étant vraisemblable que les effectifs disponibles sur la région Ile-de-France ne seront pas suffisants pour faire face au volume de travail. Pour rappel, Vinci emploie en France quelque 100 000 salariés et prévoit d’embaucher près de 6 000 nouveaux collaborateurs cette année.

Autre défi, tout aussi important, celui lié à révolution digitale et à la transition énergétique avec, en filigrane tous les nouveaux modes de management « qu’il est absolument indispensable d’implémenter dans toutes nos entreprises si nous voulons continuer d’être attractifs pour les jeunes et être capable d’accueillir et de faire grandir de nouveaux talents aux aspirations différentes de leurs aînés ». Cela explique la campagne, « employeur », lancée par le groupe qui innove aussi dans le domaine de la révolution digitale.

« Pour rester en tête, nous avons décidé de nous doter d’un dispositif de réflexion prospective et d’ouverture à des partenaires extérieurs et en particulier à des start-up qui s’intéressent à nos métiers, pour faire de la co-création en mettant sur pied un nouveau dispositif », indique Xavier Huillard, « 2017 sera donc passionnante, avec cette occasion unique en France de prendre des orientations différentes en structurantes pour dessiner notre pays dans l’avenir en revisitant un modèle d’organisation notamment administrative et politique un peu à bout de souffle et offrant peu d’espoir car incapable de s’adapter ou de se réformer faute de faire suffisamment confiance au terrain, à l’initiative et à l’agilité des acteurs économiques».

Priorité à la rentabilité

p1« Nous ne sommes pas très focalisés sur le volume, ce qui importe c’est la performance opérationnelle sur les chantiers et la performance financière du groupe », indique Xavier Huillard. Le mot d’ordre : l’excellence opérationnelle.  L’exercice 2016 a été marqué par un recul du chiffre d’affaires, imputable aux difficultés de prise de commande au sein des filiales Eurovia et Vinci Construction, en particulier en France mais pas seulement, plusieurs marchés connaissant des difficultés conjoncturelles liées à la baisse des prix du pétrole et du gaz. C’est le cas en Afrique, où la situation à pénalisé les activités d’Entrepose Contracting.

L’obtention du projet de pipeline « Trans Adriatic Pipe », consistant à établir une liaison entre la Grèce et l’Albanie pour un montant de l’ordre de 500 millions d’euros, illustre le retour à une certaine stabilisation de l’activité dans ce domaine.

« Dans les infrastructures urbaines et les travaux ferroviaires, les métiers d’Eurovia résistent plus que bien, dans un contexte de marché mondial plutôt difficile en 2016 », souligne Xavier Huillard, « comme la plupart de nos filiales, Eurovia ira chercher la croissance à l’international et en particulier aux Etats-Unis, où plusieurs nouveaux contrats ont déjà été remportés en Floride, en Caroline du Sud et en Caroline du Nord». L’entreprise, qui a renforcé ses positions au Chili dans les activités routières, a retrouvé le chemin de la rentabilité en Allemagne. Un changement majeur qui permet d’entrevoir de nouvelles acquisitions dans les métiers de la route outre-Rhin.

Après avoir beaucoup bénéficié du chantier du siècle, la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique, entre Tours et Bordeaux, l’activité ferroviaire, exercée à travers ETF, doit négocier un virage et s’orienter vers les travaux de maintenance du réseau SNCF. Six ans auront suffi pour construire plus de 300 km d’infrastructures ferroviaires et leurs équipements : un projet hors norme à 8 milliards d’euros, dont plus de 6 milliards d’euros de travaux « dont, comme je l’avais indiqué, Vinci sortirait nécessairement transformé, tant le groupe ne pouvait réussir qu’en franchissant une nouvelle étape dans les synergies entre nos différents pôles de métiers ».

Le potentiel de travaux d’entretien existe, au regard de l’effort de rattrapage engagé pour compenser plusieurs années sans investissement dans l’entretien des voies et de leurs équipements.

Les filiales spécialisées dans les métiers de la géotechnique (Solétanche et Freyssinet), restent actives avec l’obtention de plusieurs contrats d’envergure en Asie du Sud Est (tunnels et stations à Singapour, extension de l’aéroport de Hongkong). Même constat pour la division Grand Travaux dont le carnet de commande s’est enrichi de plusieurs lots du Grand Paris, en plus du plus long tunnel routier et ferroviaire immergé à percer entre l’Allemagne et le Danemark. Si, globalement, 2017 devrait être une année de retour à la croissance pour Vinci Construction, elle doit aussi consacrer le groupe sur le métier de concessionnaire aéroportuaire.

Développement dans les concessions

Embryonnaire il y a quelque année dans ce métier, le groupe qui gère désormais 130 millions de passagers par an, s’est hissé parmi les 5 acteurs mondiaux du secteur, illustrant en cela, « la puissance de mouvement dont nous sommes collectivement capables chez Vinci quand nous décidons d’investir dans un nouveau métier». L’année 2016 aura été une année de croissance pour les activités autoroutières de Vinci en France. Le plan de relance autoroutière signé avec l’autorité concédante, montant en puissance, traduira encore plus ses effets cette année.

« Nous avons réalisé environ 12% des travaux et auront achevé 80% des programmes dans les 3 à 4 prochaines années »,  précise Xavier Huillard. Dans la foulée du premier plan de quelque 3,2 milliards d’euros, dont près de 2 milliards pour Vinci, financés par l’allongement de la durée des concessions, un second volet de nouveaux chantiers a été initié par le Président de la République lors de la pose de la première opération symbolisant le démarrage de ces travaux, dont le financement sera assuré par les collectivités locales et l’ajustement des tarifs de péage. « Nous avons beaucoup travaillé avec nos contreparties du côté de l’Etat concédant, mais rien n’est encore cristallisé », informe Xavier Huillard, « à la clé, un milliard d’euros supplémentaire pour l’ensemble de la profession, dont la moitié environ pour l’ensemble des réseaux du groupe ».

Comme le souligne Xavier Huillard, « ces investissements sont d’autant plus importants qu’ils créent de la valeur, fabriquent du confort et de la sécurité pour nos clients utilisateurs de nos autoroutes, fabriquent de l’accessibilité pour les territoires usagers, donc favorables pour l’activité économique et bénéfiques pour les entreprise de la profession ». A ce titre, rappelons que le groupe Vinci a remporté le marché du  contournement autoroutier de Strasbourg (A 355) et a été nommé adjudicataire pressenti de la liaison autoroutière neuve entre Lyon et St Etienne (A 45).  « Dans le domaine des concessions autoroutières, nous nous déployons également à l’international, dans différents pays », rappelle Xavier Huillard, « après le Canada et les Etats-Unis, nous avons remporté un contrat de concession en Colombie et d’autoroute urbaine à péage au Pérou, et continuons de travailler sur les sections satellites de l’axe Moscou-Saint Pétersbourg en Russie ».

J-N.O

Source : Les chantiers de France